Ensemble comprenant : une plaquette, 25 juin 1946, 42 p. grand in 8° carré (24 x 20 cm), un feuillet de 2 p. in 8° ; 1 CP ; 7 LAS s.l.n.d. 9 p. 1/2 in 4°, papier bleu ; 2 LAS s.l.n.d. 4 p. in 8° format oblong, papier bleu ; 2 LAS s.l.n.d. 5 p. in 8°, papier richement décoré de motifs floraux en couleurs et de bordure dentelle. Belle correspondance concernant la création du parfum '' Signature '' par Maurice Carrère, grand animateur de la bonne société d'après-guerre, décorateur, créateur d'ambiances, organisateur de spectacles et ami proche de Colette. Pour la réalisation de sa plaquette, Maurice Carrère associe les grands noms du monde des arts et de la mode du Tout-Paris d'alors : des textes autographes de Jeanne Lanvin, Gaby Morlaix, Micheline Presle, Maurice Chevalier, Elisabeth de Grammont, etc... sont illustrés de lithographies originales (dont certaines en couleurs) de Bérard, Cocteau, Daragnès, Dignimont, Oudo, Touchages, une partition d'Honegger etc... tirées par Mourlot. Mais la vedette de la plaquette est assurément Colette, qui rédige un texte de 5 pages à la gloire du parfum '' Signature '' : '' Sous le silence des cornues et des éprouvettes, qui élabore le parfum, le varie et le dose, sinon l'homme ? (...) L'art du parfumeur est aux mains d'une aristocratie commerciale purement française. Que peuvent les fragrances (...) du Nouveau Monde, la banalité des cassolettes orientales contre le juste accord qui compose un parfum de Paris ? Quand il s'agit de luxe et de variété, l'invention française refuse de se reposer : Carrère veut sa place dans la lice (...) il semble que la préférence actuelle aille aux parfums ambigus (...) séduction double qu'a recherchée Carrère (...) actuel, certes, il l'est, et plutôt brun que blond, et plus profond que pointu (...) le créateur de ce nouveau parfum fit ce miracle : donner à rêver sur le simple paraphe d'une '' Signature ''. Grâce aux lettres de Colette à Carrère, on peut suivre les étapes de la création du parfum et voir combien sont fortes l'amitié et la complicité entre l'écrivain et le créateur de modes : '' Flacon, boîte vernissée sont charmants (...) en ce moment, outre l'arthrite, c'est le travail qui me tient (oeuvres complètes), (...) que de flacons (...) celui du rhum est une merveille - contenant et contenu- nous venons de nous soigner, tous deux, avec un de ces grogs... (...) Aujourd'hui sort un beau numéro de Vogue où elle [Colette] a un joli papier et un joli portrait sur deux pages (...) le flacon est charmant. Enfin un flacon bien féminin inspiré par une époque que j'aime. Le parfum aussi me paraît au point : un peu plus '' dry '', un peu moins sucré. Nous allons applaudir, en matinée, Moréno à l'Athénée (...) je ne puis m'empêcher de songer à votre si gentille proposition de '' combustible '' (...) je crains que la charmante Simone Berriau [la directrice du Théâtre Antoine] (...) ait oublié qu'elle m'a parlé anthracite (...) je ne savais pas que tant de '' Noir '' pût éblouir. Ma joie se complique d'un peu de remords, à l'idée qu'à cause de moi vous pourriez battre la semelle (...) je puis vous garantir un texte exceptionnellement intéressant de cette amie et interprète de Ravel, et Jean-Michel Damase - seize ans - est un prestigieux virtuose (...) Diable soit de la faiblesse humaine ! Il a suffi que vous me donniez cet excellent thé pour que je me remette (...) à boire du thé (...) Où en est le second parfum ? Il me tarde de le goûter (...) voulez-vous me faire remettre par le premier passant (tâchez d'être ce passant!) un peu de parfum Carrère ? (...) je n'ai plus une goutte de '' Signature '' pour embaumer mon logis (...). Une des lettres décorées est écrite par la fille de Colette, Colette de Jouvenel (1913-1981), sur un ton très humoristique : '' J'ai attendu, pour envoyer ces voeux, que la foule des souhaiteurs soit passée. Et aussi que 46 soit bien là. Les gens ont généralement l'imprudence de se mettre à envoyer des voeux de nouvel an avant même d'être assurés qu'on va vraiment changer d'année ce qui risque de les ridiculiser tout à fait, au cas où le gouvernement d'en haut déciderait à la dernière minute que c'est toujours 45 qui continue ''.
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