Editions ARTHEME FAYARD 1939
126 pages
port = 3,50€
Henri Béraud, né à Lyon le 21 septembre 1885 et mort à Saint-Clément-des-Baleines sur l'île de Ré le 24 octobre 1958, est un romancier et journaliste français.
En tant que polémiste, il signe également du pseudonyme de Tristan Audebert.
Initialement engagé à gauche, il se tourne ensuite vers l'extrême droite et l'antisémitisme. En 1944, il est condamné pour intelligence avec l'ennemi après la libération de la France.
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Le Canard rompt avec Henri Béraud lorsqu'il prend parti pour les manifestants du 6 février 1934. Dans Les Raisons d'un silence (1944), l'écrivain explique les raisons de son engagement de 1934 pour lequel il dut « renoncer à bien des joies, rompre de chères amitiés » ; pour l'essentiel, il s'agissait d'en finir au plus vite avec un « régime en pleine crevaison qui annonçait la guerre et le désastre ». Pour Jean Galtier-Boissière, ami de Béraud, celui-ci évolua de l'extrême gauche à l'extrême droite sans nettement s'en rendre compte, en suivant la pente de ses intérêts : il en vint à s'identifier au grand monde dont son talent avait su forcer les portes.
Il participe aussi à la revue Le Merle blanc, d'Eugène Merle, à L'Œuvre, et il est grand reporter et observateur politique au Journal. Il est le directeur politique officieux et éditorialiste de Gringoire de 1928 à 1943. Il écrit des articles violemment anglophobes, sans éprouver de sympathie particulière pour l'Allemagne nazie. Il signe par contre en 1935 le Manifeste des intellectuels français pour la défense de l'Occident et la paix en Europe rédigé par Henri Massis et justifiant l'agression italienne en Éthiopie[6]. En 1936, ses articles jouent un rôle moteur dans la campagne de presse dirigée contre le ministre de l'intérieur du Front populaire, Roger Salengro : accusé de désertion pendant le premier conflit mondial, ce dernier finit par se suicider en novembre de la même année.
Dans Gringoire, il fait profession d'antisémitisme : « Sommes-nous pour ou contre les Juifs ? Resterons-nous indifférents ? Nous défendrons-nous ? D'un mot, est-il bon, est-il juste, est-il raisonnable de se dire antisémite ? M'étant posé la question, je réponds : en conscience, oui, il faut être antisémite. […] Il faut l'être parce que le salut de la France est à ce prix. Le juif est l’ennemi-né des traditions nationales, il n’est ni soldat, ni ouvrier ni paysan. Comment serait-il digne d’être un chef ? »[7]
Il est arrêté en septembre 1944 et jugé en deux jours. On lui reproche notamment son rôle dans le suicide de Roger Salengro. L'amiral Muselier, que Béraud avait traité d'« amiral de bateau-lavoir », demande sa tête[8]. Il est condamné à mort le 29 décembre 1944 pour intelligence avec l’ennemi. Plusieurs écrivains, dont François Mauriac, interviennent en sa faveur. Il est finalement gracié par Charles de Gaulle. Il avait, avant la guerre, écrit un livre violemment orienté contre la Grande-Bretagne (Faut-il réduire l'Angleterre en esclavage ?, 1935) et avait, durant l'occupation allemande, continué de faire de l'anglophobie l'un de ses thèmes de prédilection. Une rumeur prétend que le gouvernement britannique serait intervenu pour demander à de Gaulle la grâce de Béraud, mais aucun élément de première main ne vient cependant étayer cette thèse[9].
Frappé d'hémiplégie, Béraud est libéré en 1950 et meurt en 1958 dans sa propriété de l'île de Ré. Son épouse Germaine est décédée en 1989.